Introduction – Une nouvelle ère pour la trésorerie entrepreneuriale

Vous êtes entrepreneur, dirigeant de start-up ou investisseur Web3, et vous détenez des cryptomonnaies ? Vous avez probablement déjà été confronté à ce dilemme : comment financer une opportunité sans vendre vos actifs numériques, au risque de déclencher une imposition ou de rater une hausse future du marché ?

Depuis 2025, la France a officiellement intégré les cryptomonnaies dans le cadre légal du crédit lombard, permettant ainsi aux entreprises de mobiliser leurs actifs numériques comme garantie pour obtenir des financements en euros, sans cession.

Cette innovation, déjà éprouvée en Suisse ou dans l’univers DeFi, devient aujourd’hui un outil stratégique de gestion de trésorerie et d’investissement pour les entrepreneurs. Voici comment cela fonctionne, ce que cela implique, et comment en tirer parti efficacement.

1. Comprendre le crédit lombard crypto : mécanisme et fonctionnement

1.1. Définition

Le crédit lombard crypto permet d’emprunter des liquidités (souvent en euros ou stablecoins), en donnant en garantie des actifs numériques (BTC, ETH, USDC…). À la différence d’une vente, il n’entraîne pas de cession, donc aucune imposition immédiate sur la plus-value.

En clair :

Vous conservez vos cryptos, mais vous les mettez “en gage” temporairement pour financer un besoin entrepreneurial.

1.2. Étapes classiques

1. Sélection du collatéral : dépôt des cryptos sur une plateforme ou auprès d’une banque habilitée.
2. Évaluation du prêt : selon la valeur des actifs et leur volatilité, le prêteur propose un montant de prêt (souvent entre 50 % et 70 % de la valeur).
3. Déblocage des fonds : les liquidités sont mises à disposition, avec un taux d’intérêt (6 à 10 % en moyenne).
4. Gestion du risque : en cas de chute de valeur, l’emprunteur peut faire face à un appel de marge ou à une liquidation partielle du collatéral.

2. Avantages stratégiques pour les entrepreneurs

✅ Préserver son capital crypto

La force du crédit lombard réside dans le fait de ne pas vendre ses actifs. Cela permet de :

• Continuer à bénéficier d’une potentielle hausse,
• Reporter l’imposition sur les plus-values,
• Conserver ses positions dans un marché en croissance.

Exemple :
Marie, fondatrice d’une start-up Web3, détient 10 BTC acquis à 20 000 €. Le cours est désormais à 60 000 € par BTC, soit 600 000 €. Elle utilise un crédit lombard pour financer une levée de fonds de 300 000 €, sans vendre un seul token.

✅ Accéder rapidement à des liquidités

Contrairement à un crédit bancaire classique (souvent long et conditionné), le crédit lombard crypto est :

• Plus rapide
• Moins intrusif (peu ou pas de justification d’usage),
• Entièrement digitalisé dans de nombreux cas.

✅ Souplesse et fiscalité optimisée

• Pas d’imposition sur les plus-values (tant qu’aucune vente n’est réalisée),
• Intérêts d’emprunt potentiellement déductibles pour les entreprises (sous conditions),
• Utilisation libre des fonds : fonds de roulement, salaires, investissements…

3. Risques à anticiper et bonnes pratiques

⚠️ La volatilité : risque numéro 1

Si la valeur des cryptos en garantie chute brutalement, vous pouvez recevoir un appel de marge. Faute de réponse (ajout de garanties ou remboursement partiel), vos actifs peuvent être liquidés automatiquement.

Cas concret :
Thomas détient 300 000 € en ETH et emprunte 180 000 €. Si l’ETH perd 40 %, son ratio de couverture devient critique. Il doit :

• Apporter de nouveaux actifs,
• Rembourser partiellement,
• Ou accepter une liquidation forcée de ses tokens.

⚠️ Réglementation et contrepartie

Avant 2025, seuls des acteurs non régulés proposaient ce type de prêt. Depuis l’ordonnance du 8 mai 2025, le crédit lombard crypto est reconnu en droit français. Il est désormais possible de :

• Travailler avec des banques françaises agréées,
• Intégrer l’opération dans la comptabilité de l’entreprise,
• Bénéficier d’un cadre juridique protecteur (contrats de gage numérique, encadrement PSAN…).

⚠️ Frais et impacts comptables

• Frais à prévoir : dossier, intérêts, garde du collatéral.
• Traitement comptable : le prêt et le nantissement doivent être documentés, valorisés, et éventuellement déclarés en annexe ou lors de due diligence.
• Fiscalité spécifique : la mise en gage n’est pas une cession, mais attention aux effets de bord (notamment si liquidation partielle).

4. Crédit lombard crypto vs alternatives : tableau comparatif

5. Cas d’usage : quand l’utiliser concrètement ?

🧩 Levée de fonds ou croissance externe

Plutôt que vendre des tokens pour financer un projet, on peut :

• Bloquer des actifs temporaires,
• Emprunter une fraction de leur valeur,
• Et garder la main sur le capital long terme.

🧩 Gestion de trésorerie

Lors d’un trou de trésorerie passager (retard de paiement client, pic d’activité saisonnier), le crédit lombard crypto permet :

• D’éviter des levées coûteuses,
• D’apporter une réponse souple et rapide.

🧩 Optimisation patrimoniale

Pour les entrepreneurs ayant un portefeuille crypto conséquent, ce levier permet :

• D’éviter la fiscalité immédiate,
• De structurer un effet de levier maîtrisé.

Conclusion – Un levier prometteur à manier avec rigueur

Le crédit lombard crypto n’est plus une curiosité marginale : c’est un véritable outil financier, désormais encadré en France, au service des entreprises tournées vers l’économie numérique.

✅ Il permet de mobiliser des actifs dormants,
✅ Sans vendre, ni déclencher d’impôt immédiat,
✅ Tout en conservant le potentiel de valorisation de vos cryptos.

Mais il exige :

• Une bonne gestion du risque (volatilité, appels de marge),
• Une structure juridique et comptable claire,
• Et un accompagnement par des professionnels spécialisés.